PRÉSENCE PANCHOUNETTE IS NOT DEAD ?

Dans le cadre de la onzième édition du Week-end de l’Art Contemporain de Toulouse

Exposition présentée dans le cadre de la onzième édition du Week-end de l’Art Contemporain de Toulouse organisé par Pinkpong, réseau art contemporain Toulouse & métropole, en partenariat avec le CIAM, la Fabrique, Université Toulouse – Jean Jaurès.
Commissariat : Jérôme Carrié et Manuel Pomar
À Lieu-Commun:
Vernissage le jeudi 16 mai à partir de 18h
Exposition du 17 mai jusqu’au 6 juillet.
Actif de 1969 à 1990, le groupe d’origine bordelaise Présence Panchounette était un collectif à géométrie variable. Leur manifeste, publié en 1969 sous le nom d’Internationale Panchounette, annonçait une impérieuse envie de tout dégommer, avec style et emphase.  » Qu’est-ce que l’Internationale Panchounette ?  » se demandait le manifeste : « Sinon le désespoir du dilettantisme, la fleur de la vulgarité, un baroque rachitique, un rasoir fluorescent, une dénégation distinguée, une provocation souterraine ? Une paresse qui enfle. »
Autant vous dire que se confronter aux œuvres de Présence Panchounette en ce rutilant, excitant et au combien sur conscient XXI siècle, c ‘est comme sauter à l’élastique en se demandant si l’on a bien fait son noeud …
« Présence Panchounette is not dead, ? ». Un titre comme écho à l’année 1977, date officielle et néanmoins fausse de la naissance du Punk, mais surtout, année de la première présentation, à la galerie Éric Fabre à Paris, de la pièce « transition / valse » de Présence Panchounette. Cette œuvre, constituée de deux motifs de tapisserie et du mur blanc quasi sacré du white cube est un poème mural épique qui tente d’ausculter le système de classes au travers de ses penchants décoratifs. Ici PP se joue du goût des classes. La tapisserie aux motifs géométriques n’est pas sans rappeler les formes op art de l’artiste Bridget Riley, propres à satisfaire les goûts parvenus et encanaillés d’une classe moyenne qui se hisse péniblement sur la pointe des pieds. La blancheur aveuglante des murs est une convention d’accrochage de l’art contemporain. Elle délimite un espace vierge et immaculé étalon de la pensée dogmatique puritaine des élites, au sein duquel le visiteur lui-même devient est un intrus. Enfin le papier aux motifs de briques blanches et de mortier noir évoque le goût prolétaire. En ce temps là, la lutte des classes résistait encore aux assauts vilipendaires d’un libéralisme prosélyte, qui aujourd’hui, pour imposer son hégémonie, se permet d’affirmer une fictive fin des classes et de leurs conflits inhérents entre dominants et dominés. Cependant, en ce printemps 2019, ce n’est pas trop se rêver en Pythie que d’avancer qu’un combat entre élite et classe populaire est en cours. Il est intéressant de remarquer que « transition / valse », malgré ses quarante années d’âge, demeure aujourd’hui plus que pertinente !
PP s’est toujours joué de son époque et de celles qui l’ont précédées et se sont séparés intelligemment en 1989 lorsque l’air du temps se mis à les singer.
Le saviez-vous, le top de l’Avant-garde, c’est de la précéder ! Et pour cela une seule solution, démarrer avant les autres, un faux départ en quelque sorte.
Comme déclarait Diabologum dans sa chanson  » 365 jours ouvrables  » :  » La post-avant-garde cassera les prix mais jamais l’ambiance « , la portée de l’art est résumée en quelques mots par une vision pessimiste mais néanmoins réaliste. Je pourrais ajouter cette phrase de leur galeriste Éric Fabre :  » Présence Panchounette est  » dans le coup « , elle a même toujours un coup d’avance. Et d’autres en réserve  » … Ce qui n’empêche pas PP en cheval de Troie collectif avisé de pratiquer l’art de la souplesse et d’esquiver les attaques de ceux qui n’apprécient pas le ton sarcastique de leurs œuvres. Leur programme, affronter les pseudo Avant-garde, en détournant leurs œuvres. Parmi leurs cibles préférées, les artistes qui font leur crédo de l’injonction de Mies Van Der Rohe, le fameux  » less is more « . Chez PP, c’est le too much qui devient more ! Fini le goût bourgeois minimal, PP se gausse d’un design dominant et le renvoie dans les cordes en assénant  » more is never enough  » !
Alors si vous voulez rester  » up to date « , venez découvrir avec trente ans de retard ce collectif hors norme et ses œuvres critiques et acerbes mais tout autant hilarantes.
Manuel Pomar
Merci aux Musée des Abattoirs (Toulouse), au CAPC (Bordeaux), à Sémiose (Paris) et au Garage Cosmos (Bruxelles).