Bricodrama
Un programme d’expositions et de rencontres autour de la Bricologie à IPN collectif, Ateliers TA, Ateliers Borderouge, La Mêche, Mix’Art Myrys et Lieu-Commun artist run space.
Bricodrama à Lieu-Commun, avec :
Alexandre Atenza, Thomas Bigot, Lucie Laflorentie, Laura Freeth, Didier Hébert-Guillon, Pierre Mersadier, Yannick Papailhau, Simon Prêt.
Vernissage en cascade le mercredi 27 septembre à partir de 18h départ à Lieu-Commun, suite à 20h30 à IPN & TA.
Jeudi 28 septembre, vernissage aux Ateliers, La Mêche et Borderouge.
Samedi 30 septembre, vernissage et concert à Mix’Art Myrys.
Thomas Golsenne, historien de l’art, enseignant à la Villa Arson à Nice, a défini le concept de « bricologie » (contraction de bricolage et technologie) dans le cadre de deux événements : l’exposition « La souris et le peroquet » et les rencontres « Bricologie : l’art et la technique » en 2015 à Nice.
« … Aujourd’hui, cet intérêt pour le faire, le bricolage et l’artisanat connaît un regain d’attention, alors que dans le même temps, le numérique et les représentants de la Silicon Valley envahissent et dominent l’espace culturel et artistique, oubliant parfois que celui-ci s’est construit sur les bases d’une histoire et d’enjeux esthétiques qui laissaient la place à la singularité et la marginalité sans se soumettre au diktat de l’audimat des likes. Supposons un instant que depuis l’apparition du numérique, peu de choses, en dehors des vitesses de calcul, n’aient changé hormis une sur-couche communicationnelle généralisée qui fait que tout un chacun, du fond de son garage, existe à la vue de tous. Ou comment se répandre sans jamais envisager se méprendre. La vraie révolution numérique ne se situe-t-elle pas au-delà des capacités toujours augmentées des machines mais davantage dans son impact psychologique sur ses usagers ? Comme toute nouveauté, elle engendre croyances et espérances naïves en un monde meilleur, entretenues par l’efficace propagande libérale. Les nouvelles technologies sont prétexte à une exploitation par le travail, camouflée par l’écran de fumée du cool management qui maintient l’espoir nocif d’une sortie de l’effet de crise permanent alimenté par les leaders des économies numériques. Programme idéal au renoncement perpétuel des revendications sociales. Le pseudo réalisme collectif dédié à la mise à mal des politiques sociales ne remet jamais en cause l’accroissement exponentiel des fortunes dominantes. Les joueurs de baby-foot de Cupertino participent à ce nouveau schéma de classe où le sweat à capuche camoufle de cool leurs stratégies de domination et aide à annihiler ainsi toute velléité de lutte. Comment ne pas imaginer une détestation de classes, lorsque les produits libérateurs de temps, vantés par la communication sont possiblement lisibles comme outils de contrôle. Quel avenir pour ce scénario de société ? Quelles issues, si ce n’est d’en détourner l’usage et essayer de construire une vision critique du monde où chacun peut réellement participer au débat et tenter d’endiguer les écarts sociaux. Il nous faut orienter nos ambitions responsables vers un bien être commun qui passe prioritairement par des enjeux écologiques forts, propres à modifier en profondeur nos modes de pensées et de fonctionnement. Quelle place pour les artistes au milieu de cette intrigue ? … »
Extrait du texte de Manuel Pomar « Space Makers », à paraître dans le numéro 32 d ela revue Multiprise.